dimanche 6 mars 2011

Cent ans de solitude, l'amour de la narration

On commence Cent ans de solitude sans savoir où l'on va. Tout commence simplement, comme un conte que l'on entame timidement.
Mais l'on sent très vite à la vibration des mots un enchaînement fabuleux, un rythme, une saveur particulière, comme un murmure qui promet, et laisse pantois.

Cent ans de solitude nous livre l'histoire d'un village, Macondo, l'épopée tumultueuse d'une famille, les Buendia. Et tandis que les racines de l'un soutiennent l'autre, c'est le destin des uns qui trace l'avenir de l'autre. Dans un entrelacement aussi dense que la jungle qui l'encercle, aussi mystérieux que le marigot qui le borde, le récit est une mosaïque, un tourbillon, où le temps s'efface, où les histoires une à une s'entrelacent et se relancent, denses et entêtantes, entêtante et dense litanie de récits qui s'entrelacent, et se relancent.

L'espace et le temps, étouffés dans l'incertitude, desserrent leur étau. Le merveilleux doucement s'insinue et gonfle de son souffle une narration précieuse et envoutante. On suit la dynastie des personnages dont les noms s'héritent comme des malédictions. On pense à toute la puissance des Rougon Macquart condensés en un seul livre, en un seul endroit, Macondo.
Dans la jungle généalogique se décante une alchimie, celle, qui, comme une ambroisie, distille l'ivresse à celui qui lit, s'entrelace et s'insinue dans les sillons des pages aux mille histoires.

Un livre magique et merveilleux, on y perd ses sens, on y délaisse ses repères, et comme la Grande Ourse dans le ciel, c'est l'amour de la narration qui brille, et rien d'autre finalement ne compte.