On espérait de Sofia Coppola une œuvre (enfin) à la hauteur de Lost In Translation.
On attendait, impatient de retrouver ce mélange piquant de lumière et de beauté. On espérait une pièce mélancolique et somptueuse, une belle histoire, un très beau film. Somewhere était attendu. Peut-être un peu trop.
Somewhere, c'est un bout d'existence recluse, close, déliquescente. Nous suivons Johnny, pris dans l'étau de la solitude, tiraillé par le vide, l'ennui, par quelque chose qui tient du néant. Superstar sans grand génie, pauvre personnage isolé dans son lucre, son luxe et son oisiveté, Johnny se noie dans son univers show off & show biz, boobs & booze, creux et vide, et vide et vain.
Sans adhérer, loin de là, on comprend. On connaît Sofia, alors on comprend ; on suit cette méticuleuse composition transversale, ce tricotage précis, ce thème à épuiser. On comprend oui, mais voilà, il y a quand même devant nous, un film, en soi.
Un film sur la solitude, le spleen, le basculement. Certes.
Malheureusement... c'est un film moins bon que tous les autres, avec un personnage plus creux que tous les autres. Moins intéressant, sans écho, sans grand intérêt, on n'entre jamais vraiment, on y croit jamais, Somewhere n'apporte pas grand chose à l'oeuvre de Sofia, on dirait même qu'elle ôte.
Mécanisme classique. On est déçu, on se souvient : l'écrasement intime et terrifiant des grâces virginales, le souffle retenu, court, et soupirant de Charlotte, de Bob; âmes en transit, en apesanteur. Même Marie-Antoinette quand on y pense - pour peu que l'on accepte, avec gentillesse, de faire abstraction du délire historique.
On nous l'a survendu le Somewhere, on nous a bassiné sur le rôle des objectifs doux du Papa utilisés à la pseudo sauce indé par la fille, et avec bien moins de talent que lorsqu'elle prend les siens.
On nous a clamé "la B.O! la B.O"! Oui, on sait avec quel bonheur la charmante Américaine a - jadis - su poser sur ses images les balades enivrantes des Phoenix, Air et autres magiciens du son. Oui mais quelle arnaque! trois mesures au début, un demi refrain au milieu, et le reste fichu au générique. Dans un film si silencieux, l'argument de la B.O est d'une mesquinerie sans nom.
Et doit-on parler du Lion de Venise? Tarentino lui-aussi mériterait d'être alpagué.
Quand on sait tous ces films incroyables qui, dehors, crient sans se faire entendre...
Heureusement, quelque chose estompera notre déception. La lumière, les éclats magiques de certains plans, remplacés par l'atmosphère tamisée, granuleuse, un peu étouffante. Comme une évolution.
Un troc de la musique pour le silence ; pas vraiment prenant, mais qui, rendons lui hommage, a l'avantage de savoir être plus évocateur que mille bavardages de scénaristes.
Et l'écriture, quant à elle, non pas magistrale, mais sobre, avec quelques trouvailles.
On regrette tellement Lost in Translation...
Somewhere, c'est une déception mélancolique, on a perdu l'histoire, l'écriture, et la lumière.
On ressort ni très heureux, ni très amer, avec quand même l'idée en tête que certaines histoires ne sont pas très intéressantes, et que certains réalisateurs, même ceux que l'on estime le plus, devraient parfois savoir s'abstenir.
On attendait, impatient de retrouver ce mélange piquant de lumière et de beauté. On espérait une pièce mélancolique et somptueuse, une belle histoire, un très beau film. Somewhere était attendu. Peut-être un peu trop.
Somewhere, c'est un bout d'existence recluse, close, déliquescente. Nous suivons Johnny, pris dans l'étau de la solitude, tiraillé par le vide, l'ennui, par quelque chose qui tient du néant. Superstar sans grand génie, pauvre personnage isolé dans son lucre, son luxe et son oisiveté, Johnny se noie dans son univers show off & show biz, boobs & booze, creux et vide, et vide et vain.
Sans adhérer, loin de là, on comprend. On connaît Sofia, alors on comprend ; on suit cette méticuleuse composition transversale, ce tricotage précis, ce thème à épuiser. On comprend oui, mais voilà, il y a quand même devant nous, un film, en soi.
Un film sur la solitude, le spleen, le basculement. Certes.
Malheureusement... c'est un film moins bon que tous les autres, avec un personnage plus creux que tous les autres. Moins intéressant, sans écho, sans grand intérêt, on n'entre jamais vraiment, on y croit jamais, Somewhere n'apporte pas grand chose à l'oeuvre de Sofia, on dirait même qu'elle ôte.
Mécanisme classique. On est déçu, on se souvient : l'écrasement intime et terrifiant des grâces virginales, le souffle retenu, court, et soupirant de Charlotte, de Bob; âmes en transit, en apesanteur. Même Marie-Antoinette quand on y pense - pour peu que l'on accepte, avec gentillesse, de faire abstraction du délire historique.
On nous l'a survendu le Somewhere, on nous a bassiné sur le rôle des objectifs doux du Papa utilisés à la pseudo sauce indé par la fille, et avec bien moins de talent que lorsqu'elle prend les siens.
On nous a clamé "la B.O! la B.O"! Oui, on sait avec quel bonheur la charmante Américaine a - jadis - su poser sur ses images les balades enivrantes des Phoenix, Air et autres magiciens du son. Oui mais quelle arnaque! trois mesures au début, un demi refrain au milieu, et le reste fichu au générique. Dans un film si silencieux, l'argument de la B.O est d'une mesquinerie sans nom.
Et doit-on parler du Lion de Venise? Tarentino lui-aussi mériterait d'être alpagué.
Quand on sait tous ces films incroyables qui, dehors, crient sans se faire entendre...
Heureusement, quelque chose estompera notre déception. La lumière, les éclats magiques de certains plans, remplacés par l'atmosphère tamisée, granuleuse, un peu étouffante. Comme une évolution.
Un troc de la musique pour le silence ; pas vraiment prenant, mais qui, rendons lui hommage, a l'avantage de savoir être plus évocateur que mille bavardages de scénaristes.
Et l'écriture, quant à elle, non pas magistrale, mais sobre, avec quelques trouvailles.
On regrette tellement Lost in Translation...
Somewhere, c'est une déception mélancolique, on a perdu l'histoire, l'écriture, et la lumière.
On ressort ni très heureux, ni très amer, avec quand même l'idée en tête que certaines histoires ne sont pas très intéressantes, et que certains réalisateurs, même ceux que l'on estime le plus, devraient parfois savoir s'abstenir.
11 commentaires:
Flute alors je suis très déçue à la lecture de ton (excellente) critique. Moi aussi je suis assez fan du cinéma de Sofia Coppola et je me faisais un plaisir à l'idée d'aller voir ce film sous peu...J'irai sûrement quand même car j'aime me faire ma propre opinion (et après tout, tous les goûts sont dans la nature), toutefois, j'irai beaucoup moins enthousiaste maintenant.
Je suis allée le voir également jeudi, sans même connaître Sofia Coppola, sans même avoir vu Virgin Suicide, Marie-Antoinette ou encore Lost in Translation, mais avec dans l'idée que ce serait bientôt le cas, puisque j'avais lu jusqu'ici que cette réalisatrice était exceptionnelle et que ses films étaient à visualiser. Je n'ai pas vraiment réussi à entrer dans celui-ci, à me mettre à la place des personnages. Il y avait beaucoup trop de longueurs aussi, le début à lui tout seul était saoulant, affolant même devrai-je dire. J'ai été déçue, malheureusement. Dois-je tout de même me lancer dans le visionnage de ses autres films ? Est-ce que cela vaut le coup ? J'hésite.
Bonjour @Luzycalor ! ce qui a été dur à retranscrire lorsque j'ai écrit cette critique, c'est la sensation mitigée, douce amère qu'a laissé ce film.
Sofia est une réalisatrice que j'ai toujours adoré pour son amour de la lumière (un peu comme T.Mallick et aussi C.Eastwood parfois, dans un autre genre). Ce qui est bizarre, c'est que l'on comprend ce qu'elle a voulu faire, le problème c'est que c'est mal fichu, et pas assez évolutif par rapport à l'ensemble de son oeuvre...Va le voir! et dis moi vite ce que tu en penses.
A. pour la Cuillère
Bonjour @June!
Je comprends ton désappointement... c'est un film vraiment à prendre comme un égarement (j'espère! car sinon cela voudrait dire que Sofia n'est qu'une réalisatrice à 2 films et demi!)
Je te conseille toutefois de vraiment te plonger dans les autres... suis l'ordre : Virgin Suicides, Lost in Translation, puis Marie Antoinette.
Pour moi, le summum reste Lost in Translation. Après, autant te prévenir, c'est un film contemplatif, très porté sur le travail photographique, la lumière. Virgin Suicides est plus équilibré. Quant à Marie Antoinette, pour bien le prendre, il faut voir cela comme un exercice de style, pas du tout comme un film à bases historiques (sinon tu vas te retourner sur ton siège et t'étouffer).
Prends un grand écran, un oreiller douillet, éteins la lumière et regarde tout ca... puis reviens nous dire ce que tu en as pensé :)
A. pour la Cuillère
Bonjour bonjour,
je ne suis pas un grand fan de S. Coppola, loin de là.
Exception faite de Lost in Translation, qui est un très bon film, mais dont la réussite doit beaucoup, je pense, aux très bonnes interprétations de Scarlett Johansson et (surtout) de Bill Murray, je ne vois pas grand intérêt dans ses autres films. Avec Marie Antoinette mais surtout avec Virgin Succide, je trouve que S. Coppola distille dans ses films une sorte d'image de la féminité malsaine, avec des personnages (presque toujours des femmes) enfermés dans leur tour d'ivoire, très centrés sur eux-même, et finalement, le spectateur n'arrive pas à s'accrocher. On a l'impression d'assister à une parade. Lost in translation se démarque de ses autres films par son côté humoristique légèrement cynique/décalé et surtout avec une présence masculine dans le film, qui nous donne enfin l'impression que celui-ci n'est pas une retranscription intimiste et brutale du malaise de la réalisatrice.
Je n'ai pas encore vu Somewhere, qui me semble a première vu être un film assez fade. Je pense tout de même aller le voir car S. Coppola reste une "jeune" réalisatrice de tallent, cela ne fait pas de doute, surtout dans sa manière de filmer ses plans, en prenant son temps (parfois trop), ce qui devient de plus en plus rare malheureusement. Ses jeux de lumières sont très recherchés et souvent réussis, même s'ils donnent parfois une sensation de "fausse propreté" à la scène.
Finalement, ce qui m'intrigue le plus dans ce film c'est de savoir comment S.Coppola va-t-elle s'y prendre pour mettre un couple en scène pour la seconde fois, même si je ne pense pas que Somewhere sera à la hauteur de Lost in Translation.
Bonjour Pierre!
Effectivement, il y a quelque chose d'Emma Bovary dans bon nombre des personnages rêveurs (et oui souvent féminins) de Sofia Coppola!!! Le côté clos des personnalités est souvent l'effet, la cause ou la conséquence, des milieux clos dans lesquels évoluent les héros(ïnes) : une famille affectueuse mais traditionnelle, un couple deliquescent, un hôtel, une royauté de decorum...
Je te rejoins totalement sur le fait que Sofia Coppola sait prendre son temps... une des plus belles scènes de Somewhere est d'ailleurs une scène long plan fixe avec une lente sortie hors champ du personnage. Aussi efficace que symbolique.
Quant à la mise en scène du couple père-fille, c'est assez creux.
Dis nous vite ce que tu en as pensé!!
A. pour la Cuillère
Je ne peux qu'approuver cette déception lumineuse :(
Sans verser dans la nostalgie pour autant, espérons des jours meilleurs pour la clan Coppola.
au prochain S. Coppola
Charliban
Pas encore en Argentine.
Merci pour partager ton avis.
Je viens de découvrir ton blog :)
Amitiés
@Charliban
Tu ne fais pas si bien dire l'ami ! Allez Sofia, au boulot!
Bonjour Elisa!
J'espère que cette découverte ne te décevra pas et que tu y reviendras nous donner tes impressions!
Amitiés
A. pour la Cuillère
En fait, je ne prévois plus d'y aller. J'ai lu trop de mauvaises critiques. Comme je dois faire des choix, je l'ai donc sacrifié. Je le verrai en DVD quand il sortira mais tant pis pour le cinéma. Par contre j'ai vu deux jolis films cette semaine : The King's Speech et Arrietty. Pas follement extraordinaires dans leur genre mais deux agréables moments en perspective.
Ah! Je prévoyais d'aller voir King's speech... Qu'en est il?
:)
A. pour la Cuillère
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