Il y a des dimanches froids et pluvieux où l'on ne veut absolument pas innover. Le café fumant trône sur la table, on pense encore à la tiédeur de la couette. Alors oui, mille fois fois, en ce dimanche, on va faire dans le classique.
Après un passage fugace dans les rayonnages de sa vidéothèque, on s'affale satisfait dans son canapé, sûr de passer un bon moment. Philadelphia's Story. Rien que l'avalanche de noms est une bonne caution: Cukor, Mankiewicz aux manettes, et Hepburn, Cary Grant et James Stewart dans le meilleur de leur forme.
Certaines époques ont dépeint leur temps à grands coups de fresques sociales. Nous autres Francais nous enorgueillons d'avoir enfanté Zola & Balzac (entre autres). Il faut tout de même avouer que de l'autre côté de l'Atlantique, le genre est aussi bien porté de la plume à la pellicule. Entre la Jungle d'Upton Sinclair (le Germinal américain ayant ébranlé les classes en contribuant à d'importantes réformes politiques et sociales en faveur des ouvriers), la Pastorale américaine de Roth (autant de bons livres que la Cuillère vous conseille afin de traverser - avec bonheur - l'histoire américaine), défile une myriade d'oeuvres alliant la beauté créative et l'engagement moral. Au cinéma, n'en parlons pas, Chaplin à lui seul occupe le rayonnage...
Là où Cukor, & Mankiewicz apportent leur pierre, c'est dans l'alliance (géniale) entre la comédie, la fresque sociale posh, et un tableau de caractères digne de La Bruyère. Disons pour se mouiller un peu qu'en ce qui concerne les 40's, Citizen Kane est à l'ambition et à la ville ce que Philadelphia's Story est aux privilèges de classe et à la vanité.
Pourquoi aimer, regarder et rererereregarder ce film? Sans se lancer dans un grand synopsis, le film retrace les périgrinations morales de personnages engoncés dans le luxe des nantis de l'upper class américaine. Loin des misères des villes, l'action se déroule dans un locus amoenus pesant, digne du monde carollien d'Alice. Comme un microcosme intemporel où la prospérité cache le malaise d'une condition vaine, vous jonglerez entre la comédie légère (vous aurez l'impression d'y ressentir un peu de Marivaux, un peu de Vaudeville...), et la profondeur de la peinture sociale. Après le classique "plongée dans les bas fonds des classes" à la Oliver Twist, vous suivrez ici l'introduction de la lower middle class intellectuelle dans un univers de luxe et des fastes... ouvertement scandaleux pour l'Amérique encore choquée par 1929.
Au début, tout semble grossier, caricatural: de l'idéaliste raté au self-made-man industrialopoliticien et arriviste, de la grande dame drapée dans sa vanité, au dom juan alcoolique, tout y passe, tant est si bien, que noyé dans les préjugés, on se demande à un moment du film si ce classique n'est pas une franche arnaque...
Puis tout se décante, finement, avec magie hollywoodienne made in Metro Goldwyn Mayer, la lutte des classes s'abolit le temps d'un bal grâce à l'alcool catalyseur, le rapprochement des êtres et l'envolée de sentiments humanistes. Certaines scènes semblent même pour l'époque diablement croustillantes (sensuelles ou moralement indécentes pour la pudibonde Amérique). Mais quoi qu'il se passe, les acteurs portent le film jusqu'à la fin, avec un brio qui nourrit la légende de ces étoiles (il paraitrait même que toutes les scènes de ce film auraient été bouclées en une seule prise...) Chapeau Gary, Katharine et James! (je vous entends critiquer là ! Soyons naifs, il est bon de croire aux légendes)
La comédie, bavarde comme une pièce de théâtre (s'en était une...), élève avec élégance les dialogues au rang de personnage. Cary Grant, Hepburn, et James Stewart signent l'un de leur plus beaux rôles, tant et si bien que le film devient vite le favori de ces journées trop froides pour sortir son nez dehors. En résumé, la magie opère, l'interprétation est magistrale, les personnages vous énervent, vous ravissent, la belle mayonnaise que voici, faisant votre frileux dimanche une journée particulièrement douillette...
Après un passage fugace dans les rayonnages de sa vidéothèque, on s'affale satisfait dans son canapé, sûr de passer un bon moment. Philadelphia's Story. Rien que l'avalanche de noms est une bonne caution: Cukor, Mankiewicz aux manettes, et Hepburn, Cary Grant et James Stewart dans le meilleur de leur forme.
Certaines époques ont dépeint leur temps à grands coups de fresques sociales. Nous autres Francais nous enorgueillons d'avoir enfanté Zola & Balzac (entre autres). Il faut tout de même avouer que de l'autre côté de l'Atlantique, le genre est aussi bien porté de la plume à la pellicule. Entre la Jungle d'Upton Sinclair (le Germinal américain ayant ébranlé les classes en contribuant à d'importantes réformes politiques et sociales en faveur des ouvriers), la Pastorale américaine de Roth (autant de bons livres que la Cuillère vous conseille afin de traverser - avec bonheur - l'histoire américaine), défile une myriade d'oeuvres alliant la beauté créative et l'engagement moral. Au cinéma, n'en parlons pas, Chaplin à lui seul occupe le rayonnage...
Là où Cukor, & Mankiewicz apportent leur pierre, c'est dans l'alliance (géniale) entre la comédie, la fresque sociale posh, et un tableau de caractères digne de La Bruyère. Disons pour se mouiller un peu qu'en ce qui concerne les 40's, Citizen Kane est à l'ambition et à la ville ce que Philadelphia's Story est aux privilèges de classe et à la vanité.
Pourquoi aimer, regarder et rererereregarder ce film? Sans se lancer dans un grand synopsis, le film retrace les périgrinations morales de personnages engoncés dans le luxe des nantis de l'upper class américaine. Loin des misères des villes, l'action se déroule dans un locus amoenus pesant, digne du monde carollien d'Alice. Comme un microcosme intemporel où la prospérité cache le malaise d'une condition vaine, vous jonglerez entre la comédie légère (vous aurez l'impression d'y ressentir un peu de Marivaux, un peu de Vaudeville...), et la profondeur de la peinture sociale. Après le classique "plongée dans les bas fonds des classes" à la Oliver Twist, vous suivrez ici l'introduction de la lower middle class intellectuelle dans un univers de luxe et des fastes... ouvertement scandaleux pour l'Amérique encore choquée par 1929.
Au début, tout semble grossier, caricatural: de l'idéaliste raté au self-made-man industrialopoliticien et arriviste, de la grande dame drapée dans sa vanité, au dom juan alcoolique, tout y passe, tant est si bien, que noyé dans les préjugés, on se demande à un moment du film si ce classique n'est pas une franche arnaque...
Puis tout se décante, finement, avec magie hollywoodienne made in Metro Goldwyn Mayer, la lutte des classes s'abolit le temps d'un bal grâce à l'alcool catalyseur, le rapprochement des êtres et l'envolée de sentiments humanistes. Certaines scènes semblent même pour l'époque diablement croustillantes (sensuelles ou moralement indécentes pour la pudibonde Amérique). Mais quoi qu'il se passe, les acteurs portent le film jusqu'à la fin, avec un brio qui nourrit la légende de ces étoiles (il paraitrait même que toutes les scènes de ce film auraient été bouclées en une seule prise...) Chapeau Gary, Katharine et James! (je vous entends critiquer là ! Soyons naifs, il est bon de croire aux légendes)
La comédie, bavarde comme une pièce de théâtre (s'en était une...), élève avec élégance les dialogues au rang de personnage. Cary Grant, Hepburn, et James Stewart signent l'un de leur plus beaux rôles, tant et si bien que le film devient vite le favori de ces journées trop froides pour sortir son nez dehors. En résumé, la magie opère, l'interprétation est magistrale, les personnages vous énervent, vous ravissent, la belle mayonnaise que voici, faisant votre frileux dimanche une journée particulièrement douillette...
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