dimanche 7 février 2010

Le Romantisme, cet agaçant pleurnichard...




Il y a des mouvements comme ça, qui restent gravés dans votre mémoire adolescente... Les Lumières - pour la verve de Voltaire - , le réalisme, le naturalisme - pour les grands tableaux de Zola, Maupassant & Co, dessinés à forts coups de plume et de tomes... Puis d'autres, dont le souvenir reste vivace et incisif... pour leur pesante niaiserie, pour leur scolaire et fatigante dissection.

RO-MAN-TISME. Usé et réutilisé à souhait, qu'est-il donc, ce mot ? Jadis feu mouvement unifié par le seul souffle des douleurs, le mot se balade aujourd'hui de-ci de-là sans écho ni signification... Exemple
(recherche Google Images: romantisme)


Passons...

Intime, élégiaque, sublime de sensibilité... et tellement souvent empreint de nianiannian, de misérabilisme égoïste, d'autoflagellation grossière, de phrases gonflées retombant sur nos cahiers avec grandiloquence pompeuse et force fatuité.

Et pourtant... pourtant.
... C'est peut être le mouvement littéraire qui vous bouleverse le plus, quand à quinze ans, retourné par un coeur qui s'anime, vous tombez sur ces auteurs qui ont écrit la douleur de l'âme, l'implosion des coeurs.

Essai: du romantisme...

"Coeurs amollis, âmes déréglées, sentiments écartelés aux mille vents des sensations, des tropismes, des attirances, le romantisme a quelque chose de beau, de niais, d'infiniment touchant.

La souffrance sensitive, la fulgurance spirituelle, évocatrice jusqu'au déchirement du mot, laissent dans les pages des cris de malheurs, des cascades de première personne, des adjectifs à rallonge et des sanglots d'amours incompris.

Le pur romantisme est une malédiction dont peu ont goûté l'âpre existence... D'où ce fangeux mouvement de braillards écrivains se réclamant du Mal du Siècle (le vrai), d'où la rareté des éclairs littéraires, d'où la postérité de ce mouvement passé dans les âges sans élever de digne descendance.

Puéril et agaçant romantisme, comme un son désaccordé que l'on veut parfois faire taire. Comme les Classiques, face à la montée du nouveau genre, voilà le romantisme désabusé, coincé dans son monde fait de beauté, de Muses, et de sentiments, et dont on viole le mot, paré et déguisé par le trivial.

Le romantisme, (le vrai), celui qui étincèle dans nos ternes manuels scolaires, c'est celui qui tient en quelques livres et quelques auteurs sur un petit bout d'étagère. C'est une façon de souffrir l'existence et d'écrire les atermoiements du coeur, sans niaiserie, sans artifice, avec la sincérité et la lucidité d'une âme malheureuse.

Et certains soirs, quand le spleen et la mélancolie vous envahissent, vous retrouvez au hasard une Nuit de Musset. Amolli par le soir qui descend sur votre vie, vous sentirez poindre au bout d'une page, de quelques vers, de quelques mots, le sentiment étrange d'une palpitation irrégulière... et vous vous surprenez au bord des larmes, comme un adolescent qui a aimé.

Entre le suranné et l'introspection égotiste, le romantisme a quelque chose qui tient du bouleversement des coeurs, et qui le rend à tout jamais moderne, et magnifique."


Signé le Comité de la Cuillère romantique




Source:

- Caspar David Friedrich, A monk by the sea
- Google et ses trésors:
http://images.google.fr/images?client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&hl=fr&source=hp&q=romantisme&btnG=Recherche+d%27images&gbv=2&aq=f&oq=

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