vendredi 30 juillet 2010

Les coquelicots des Flandres


Dans les Flandres belles et balayées par les vents, les blés ploient et plissent, lentement. On entend là les silences de la terre, les sillons gorgés de grain, de semences, on laisse passer le temps sous le soleil pastel et les cieux incertains. Et devant cet espace, un moment de souvenir, un bunker se redresse à l'angle d'un chemin, pavane au milieu d'un champs pour faire la nique au moulin à vent.

On pense alors à ces quelques mots, ceux d'un autre temps, qu'on sent encore mugir, quand les blés plissent et ploient dans Flandres belles et balayées par les vents.

***

In Flanders fields

In Flanders fields the poppies blow
Between the crosses, row on row

That mark our place; and in the sky

The larks, still bravely singing, fly

Scarce heard amid the guns below.

We are the dead. Short days ago,

We lived, felt dawn, saw sunset glow,


Loved and were loved and now we lie

In Flanders fields


Take up our quarrel with the foe:


To you, from failing hands, we throw


The torch; be yours to hold it high.


If ye break faith with us who die

We shall not sleep, though poppies grow
In Flanders fields

Lieutenant Colonel John McRae, médecin militaire canadien
, 1915

***

Le poème fut écrit le 3 mai 1915 à Boezingue sur le canal bordant la Diksmuideweg lors de la Bataille des Flandres. John McRae s'éteignit en janvier 1918 à Wimereux.

Le manuscrit:




***

Et même si rien ne peut remplacer la beauté de l'original, l'émotion des premiers mots, en voici la traduction officielle:


Au champs d'honneur


Au champ d'honneur, les coquelicots

Sont parsemés de lot en lot

Auprès des croix; et dans l'espace


Les alouettes devenues lasses


Mêlent leurs chants au sifflement

Des obusiers.

Nous sommes morts,

Nous qui songions la veille encor'


À nos parents, à nos amis,

C'est nous qui reposons ici,


Au champ d'honneur.

À vous jeunes désabusés,


À vous de porter l'oriflamme

Et de garder au fond de l'âme


Le goût de vivre en liberté.

Acceptez le défi, sinon


Les coquelicots se faneront

Au champ d'honneur.

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