dimanche 14 novembre 2010

Nos âmes girouettes

Les bourrasques de vent, les litres de pluie, le ciel qui "bas et lourd pesait comme un couvercle".
Un vrai jour de novembre. Les arbres effeuillés déploient leur squelette avec une indécence exhibitionniste. Le moral a la grisaille. Les guillerets lampions de Noël ne sont pas pour tout de suite. Les lutins qu'on appelle à la rescousse traînassent encore, paresseux artisans du bonheur.

La correspondance de Diderot à Sophie Volland, ô combien douce et chantante comme la comptine plaisante ou la lecture du soir, nous raconte un peu ce phénomène, cet effet magique - presque inquiétant - du climat, des "vicissitudes de [...] l'atmosphère" sur notre caractère, sur nos comportements, nos passions, et peut-être même sur notre culture.
(Lire la lettre du 10 août 1759)

Et de ces bises, de ces draches, de ces ecorches-vache, de ces crachins, de ces frimas, de ces noms de climats dont la poésie berce nos têtes, quelques mots. Des mots, venus de certaines têtes "girouettes", brassées par les vents, impressionnés par les temps.

Verlaine est l'une d'entre elles.
Des poètes aux fronts sérieux, aux sens aiguisés, il est de ceux qui sont restés le plus la truffe en l'air, le museau dans les étoiles, sur un tas de paille mouillée (et bien accompagné), ou dans l'épaisse atmosphère des pays brumeux.
Verlaine, âme atmosphérique et saturnienne, a rendu la science météorologique plus personnelle, plus poétique, moins insignifiante.



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