mardi 17 mai 2011

Le Cercle Littéraire des Amateurs d' Epluchures de Patates, comme un bonbon


Il faut sincèrement se méfier des succès autoproclamés et trop unanimement salués. Firmin en fut un triste exemple.
Retenons que les packagings littéraires fleurent souvent plus l'arnaque que ceux des linéaires de supermarché.

Fort heureusement, le roman épistolaire de Mary Ann Schaffer et Annie Barrows n'est pas de ceux-là.

Même si la traduction du titre laisse à désirer, l'oeuvre est avouons-le tout aussi "délicieuse" qu'Anna Gavalda l'avait gracieusement proclamé sur la quatrième de couverture. Tâchons de vous en convaincre.


Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, une jeune femme, Juliet, reprend sa vie d'écrivain. Après avoir tenté d'égayer les coeurs lors du Blitz par une chronique sarcastique dans un newspapper londonien, Juliet entre par hasard en contacts avec un groupe d'habitants excentriques de la petite île Anglo-Normande de Guernesey. Et plus que de simples destinataires, ces insulaires hétéroclites deviendront de vrais amis, une véritable famille.

Le roman, sans vanité, sans grandiloquence et fort d'une simplicité juste et touchante, réussit le pari de lier les intentions du roman populaire à une forme aujourd'hui originale, l'épistolaire ; le tout, alliant une ambition - l'envie de parler et d'évoquer la littérature, petite et grande, avec le bonheur des mots simples et des points de vues, des sensibilités les plus variés -, et cela, sans jamais oublier combien la guerre, au creux des vies, a bouleversé, détruit, fauché, et déformé les trajectoires des existences.

Et sans vague aucune, le roman y arrive. On passe avec bonheur, plaisir et émotion d'une lettre sarcastique sur les cancans d'insulaires aux délicieuses réflexions littéraires d'un éleveur de cochons, d'un majordome ivrogne ou d'une apprentie sorcière au perroquet, sur les oeuvres des soeurs Brontë, Wild, Austen, ou Sénéque. Et, simplement, et souvent avec beaucoup d'humour.
Mais il y a aussi la guerre, les brimades, les privations, les camps, les histoires poignantes d'une époque vouée à bouleverser. Et comme la vie s'est écoulée, le temps avance, le récit nous pousse. Vaille que vaille.

Délicieusement nous passons de l'étreinte touchante au rire. De l'anecdote au mot brillant, drôle, précieux, à l'excitation d'une narration tenue - parfois convenue -, on déguste ce roman léger comme un bonbon acidulé à garder un peu plus longtemps en bouche.

Simple et léger, sans sacrifier à l'envie de toucher et de lever le voile sur les choses du passé, notre Cercle Littéraire se savoure, sur une plage, à une terrasse, derrière des lunettes de soleil ou agrippé à sa citronnade. On déguste. Oui, on savoure.


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